L’évolution des sciences et des techniques pourra peut-être un jour permettre l’automatisation du traditionnel dérailleur. Il s’adaptera à chacun.
Serait-ce alors, la fin des sauts de chaîne et déraillements ?
« La Gazette »
Plusieurs années de recherche & développement
Deux chroniques ont déjà été consacrées à ce qui constituerait certainement une avancée technique majeure pour le vélo, l’automatisation des changements de vitesses. A l’image des voitures on pourrait parler de boites automatiques ou vitesses adaptatives.
La chronique du 12 décembre 2017 présentait un produit américain développant un système basé sur des billes mobiles en rotation et inclinaison qui permet une variation continue du développement et supprime tout à-coup. La seconde du 9 février 2020 était consacrée au projet Shimano qui n’est pas sans rappeler une boite de vitesses, car composée essentiellement d’engrenages.
Aujourd’hui la presse fait écho à un projet 100% français, développé par l’équipementier automobile VALEO, associé à une start-up implantée à Maclas dans la Loire, EFFIGEAR, créée en 2012 et qui développe depuis une boite de vitesses pour vélo fonctionnant à l’aide d’une batterie d’engrenages, qui semble avoir inspiré la boite développée par Shimano depuis un an.
Ces deux entreprises associées s’apprêtent à lancer sur la marché du vélo électrique une game intégrant dans un même module, un moteur électrique de 48 volts, associé à une boite de vitesses dite «adaptative».
Le moteur de 48 volts permettra de développer une puissance plus importante que les concurrents en général équipés en 24 ou 36 volts. Un tel moteur pourra facilement atteindre les 700 à1000 watts.
Une première mondiale !… vraiment ?
Le créneau visé est celui des VTT, gravels, vélos urbains ou même vélos cargos en plein développement. Alors, même si les promoteurs ne parlent pas des vélos de route, le projet ne manque pas d’intérêt.
En effet, notre attention a été attirée par la publicité d’EFFIGEAR qui annonce que sa boite automatique adaptative, équipée de 7 vitesses sera gérée par un algorithme qui «comprendrait le type de conduite de chacun». C’est dire que les vitesses ne seraient plus commandées par le cycliste, mais par un micro ordinateur ou micro processeur qui «adapterait l’intensité de l’assistance électrique à vos besoins», ce qui n’est pas une nouveauté en soi, mais qui par ailleurs commanderait « une boite de vitesses intelligente qui s’adapte automatiquement au cycliste ». Ce dernier point constituerait alors une nouveauté, voire une innovation si toutefois il se vérifiait et s’il pouvait se gérer indépendamment du moteur.
Faisons donc abstraction de l’assistance électrique pour ne s’intéresser qu’au passage automatique des vitesses. La boite, ou le dérailleur serait commandé par un algorithme. Bien ! Mais, l’entreprise ne dit rien sur ce sujet et des algorithmes, il y en a beaucoup, ils peuvent être très simples, mais aussi très compliqués.
Les algorithmes définissent des procédures s’appuyant sur des règles mathématiques et des données devant aboutir à un résultat compréhensible par un ordinateur. Il s’agit en l’occurrence de traduire la réalité et la complexité des forces du pédalage d’un cycliste et de sa machine dans un langage codifié compréhensible par un ordinateur qui pourra ainsi calculer et enclencher le bon développement.
Des études ont révélé que la biomécanique et la cinétique du pédalage étaient bien plus complexes qu’on ne pouvait l’imaginer au départ. Les facteurs déterminants sont nombreux et la question est de savoir lesquelles de ces données seront prises en compte dans l’élaboration de cet algorithme. Vitesse de déplacement, poids de l’attelage cycliste/vélo, vitesse de rotation du pédalier, longueur des manivelles, puissance développée par le cycliste, pente de la route, accélération souhaitée, type d’effort souhaité, sont autant de variables possibles. En poussant on pourrait rajouter le vent et le cx du cycliste… Quelles seront les règles définies dans cet algorithme ? Aujourd’hui, on ne le sait pas.
Il nous faudra donc attendre quelque temps pour savoir si un jour un ordinateur saura gérer de façon optimale un dérailleur qui pourra tout autant avoir la forme d’une boite de vitesses ou d’un dérailleur traditionnel à commande électrique qui équipe les vélos d’aujourd’hui. Il est fort probable qu’un seul algorithme ne suffira pas, il faudra alors passer au stade supérieur, celui de l’intelligence artificielle (IA) réunissant un ensemble de théories et de techniques permettant à des machines de simuler l’intelligence humaine. Vivement demain !
Aujourd’hui l’annonce de cette «première mondiale» est belle et séduisante, mais nous demandons à voir et à essayer. La route, épreuve de vérité pour les cyclistes, saura dire la justesse ou non de ces annonces.
«La Gazette» reste en veille technologique sur toutes ces questions. A suivre…
JY.LP
Eclaté du couple moteur/boite de vitesses de VALEO/EFFIGEAR