Les marottes de « La Gazette »
Si les vélos de course étaient équipés de feux de frein, bien des chutes, en particulier en peloton pourraient être évitées.
« La Gazette »
Je vous annonçais il y a trois semaines maintenant, une chronique sur un détecteur de frein. De quoi s’agit-il, en quoi cela peut-il intéresser des cyclosportifs dans la mesure ou ce nouveau composant a été conçu pour les vélos urbains et notamment les VAE ? (Vélo à Assistance Electrique)
On sait que la sécurité des vélos en ville est en train de devenir une question sociale au regard du nombre croissant de cyclistes, usagers de routes et d’infrastructures conçues essentiellement pour les voitures.
La visibilité et l’anticipation des comportements des cyclistes est un élément majeur de sécurité, aussi on voit apparaître sur le marché nombre de produits améliorant la visibilité, tant de nuit que de jour. Clignotants et feux de frein font partie de la panoplie. Dans ce cadre, c’est sans surprise que le dernier salon Eurobike de Francfort-sur-Main en Allemagne, a attribué une distinction à une entreprise Française, OVERADE pour la création d’un détecteur de freinage. Ce détecteur est clippé sur le levier de frein et active par une transmission sans fil, un puissant feu rouge arrière. Le but est d’attirer l’attention des usagers qui suivent, sur l’amorce d’un freinage ou d’un ralentissement intensif, réduisant ainsi les risques d’accidents.
Comme automobiliste, ce que nous sommes souvent, on sait que les feux de frein attirent l’attention de ceux qui suivent et permettent d’anticiper un ralentissement. On en veut pour preuve, que lorsque les feux de la voiture qui nous précède sont défaillants, on s’en rend compte rapidement, non sans pester contre ce véhicule aux équipements défaillants.
Depuis plusieurs années, on voit sur les vélos, des feux de frein activés par des accéléromètres numériques intégrés. Pour l’avoir testé, l’efficacité d’un tel dispositif est très limitée car il faut un fort ralentissement pour que le feu se déclenche. Autrement dit, il ne prévient pas, il confirme le ralentissement que l’on a déjà perçu de visu.
Si ce problème est pris en compte pour les vélos urbains, il semble en revanche, être complètement absent du monde de la compétition cycliste. Pourtant, le modeste ancien coureur amateur et auteur de cette chronique a la faiblesse de croire depuis au moins dix ans (Première chronique sur le sujet en 2012) que si les vélos de course étaient équipés de feux de frein, bien des chutes, en particulier en peloton pourraient être évitées. Dans un peloton, tout se joue au dixième de seconde. Ceux qui en ont l’expérience savent que c’est souvent le bruit rauque des accrochages et les éclats de voix, associés aujourd’hui aux grincements des freins à disques qui alertent sur l’imminence d’un crash nécessitant un freinage brutal de ceux placés derrière.
Etre alerté par les scintillements de feux de frein, permettrait d’anticiper de quelques fractions de seconde la manœuvre d’évitement. Je suis convaincu que l’on y viendra un jour. Pour cela, il conviendra impérativement d’améliorer la technique d’allumage des feux. Il faudra parvenir à activer un feu par le simple effleurement des doigts sur le levier de frein. C’est le principe mis au point par OVERADE. Cependant il devra être encore plus sophistiqué pour s’adapter aux composants des vélos de course et aux conditions d’utilisation en compétition.
L’OxiBrake Starter, c’est le nom du détecteur de frein OVERADE, est moulé dans un matériau souple et il s’emboite par glissement sur le levier de frein. Lorsque l’on saisi le levier, une impulsion électrique est envoyée au feu arrière par un dispositif de transmission sans fil. Ce feu peut être doublé d’un second fixé à l’arrière du casque.
L’activation est quasiment instantanée et cela constitue une réelle amélioration qu’il faut saluer. Cependant les limites du système se trouve aujourd’hui dans le dispositif de fixation du détecteur sur le levier. Outre l’aspect esthétique améliorable, le système d’accroche ne semble pas compatible avec les leviers associés à des commandes de dérailleurs, du type Sram, Shimano, ou Campagnolo. Il conviendrait pour s’en assurer de le tester sur ces matériels.
Le défi technique ne semble pas très difficile à relever pour cela. On sait faire passer 24 vitesses avec une précision remarquable, grâce à des transmissions sans fil. Nos ingénieurs trouveront bien une solution pour y ajouter l’allumage d’une simple lampe LED.
Vivement demain.
Jean Yves LE PERSON
Relire les chroniques de « La Gazette » sur ce sujet : « L’éclairage intégré va ouvrir de nouvelles voies« , « De nuit comme de jour« , « De nuit comme de jour – Suite« , « Bien voir… Bien vu !« .