Le vélo, nouveau mode de déplacement – Photo :©fotomelia

Tout semble indiquer que les crises géopolitiques et environnementales qui se dessinent vont accélérer ces évolutions.

« La Gazette »

Crises : accélérateurs de changements ?

Le contexte géopolitique actuel va impacter très fortement de multiples secteurs. Il modifie des équilibres, accélère des évolutions, bouscule des économies, il interroge, il crée des incertitudes et des inquiétudes. Quelles seront ses répercutions dans le monde du vélo ? «La Gazette» ne prétend pas y répondre, mais évoque ici quelques pistes de réflexion.

Dans notre vie de tous les jours, il n’est pas besoin de faire des sondages ou des études poussées pour constater un fort développement de la pratique du vélo notamment en milieu urbain. La pratique,  limitée jusqu’à présent au sport et aux loisirs, a commencé sa mue et laisse émerger de nouveaux modes de transport.

La mobilité à Paris, le 8 mai 1945.

L’amorce de la transition énergétique, l’envolée des prix du pétrole, l’engorgement des villes, la recherche d’une vie plus saine et équilibrée, et les politiques incitatives, sont autant de moteurs de cette évolution. Aujourd’hui, 40% des déplacements en voiture se font à moins de 3 kilomètres. Il n’est donc pas étonnant dans ces conditions  que les pratiques évoluent, booster par ailleurs par le Vélo à Assistance Electrique (VAE) qui permet à tout un chacun de gommer les difficultés et de toujours pédaler avec plaisir. Le VAE représente 19% du marché actuel, les Pays Bas sont à 50 % et l’Allemagne à 40 %.

Le Plan Vélo 2018, renforcé par la loi d’orientation des mobilités de décembre 2019 ambitionne de porter les déplacements à vélo, de 3 % en 2018, à 9% en 2024. On parle aujourd’hui de le porter à 12% en 2030.

L’évolution de ces pratiques s’est naturellement accompagnée d’un fort essor du marché du cycle qui ne semble pas prêt de s’arrêter. Mais ces chiffres flatteurs cachent une autre réalité. En effet sur les 2,685 millions de vélos vendus en 2020 en France, seulement 690 000 étaient fabriqués ou assemblés en France.

L’industrie du cycle, longtemps fleuron de l’industrie française avec une place de leader mondial dans les années 1970, est en deux décennies devenue complètement dépendante de l’Asie. L’impossibilité de l’entreprise japonaise «Shimano» de satisfaire les demandes des assembleurs français ces dernières années, montre la fragilité actuelle de notre filière. En réponse à ce problème plusieurs rapports (*) insistent sur la nécessité et l’opportunité de moderniser et de développer une véritable filière industrielle du cycle. Le haut de gamme serait privilégié dans le mesure où les gammes de base sont actuellement produites par le Portugal, devenu le premier producteur Européen avec 3 millions de vélos par an. 

Au delà de la production, il conviendra parallèlement de développer les secteurs de la réparation et de la maintenance qui peinent à trouver du personnel suffisamment qualifié, notamment pour le segment des VAE, où la connectique, l’électronique, et le numérique prennent de plus en plus de place. De nouvelles formations professionnelles diplômantes pour les métiers du cycle sont à mettre en oeuvre. On le voit des milliers d’emplois sont à la clef de ce projet de réindustrialisation d’une filière phare de notre histoire.

Tout semble indiquer que les crises géopolitiques et environnementales qui se dessinent vont accélérer ces évolutions. Cependant les choses ne se feront pas toutes seules. Il faudra accompagner ce développement notamment par la création d’infrastructures de déplacements et de transports dans toutes les villes et les villages et ainsi favoriser et sécuriser ce nouveau mode de locomotion. Les vélos cargos, en plein essor seront aussi à prendre en compte. Leur place va grandir dans les domaines du transport et de la livraison des marchandises, voire même dans le transport des personnes.

Photo : Décatlhon

Le plan vélo 2018 a déjà consacré des actions de formations en direction des enfants «Savoir rouler à Vélo», dont «La Gazette» s’est fait l’écho . Elles devront encore être amplifiées et cela auprès de toute la population, notamment des anciens que l’on rencontre nombreux , mais parfois hésitants sur leurs VAE.

On entend souvent dire que les crises sont des accélérateurs de changements. Puisse la crise qui se dessine, accélérer la mutation des modes de déplacement et de transport et ainsi améliorer notre cadre de vie, tout en relevant ces défis.

Quant au vélo-sport, il devrait passer les crises sans problème. Les enfants, plus nombreux initiés, continueront à jouer avec leurs vélos, leurs jeux deviendront des jeux de course, puis des courses. Devenus adultes, comme beaucoup d’entre nous, ils viendront grossir les rangs de notre club et continueront à s’amuser tout autant.

JY.LP

(*) Dont le rapport parlementaire du Député du Val de Marne, Guillaume Gouffier-Cha, sur la filière économique du vélo.

2 Réponses
    1. Jean-Yves LE PERSON

      Merci Alain, mais je suis sûr que bien d’autres cyclos de Saint Avé sont en capacité de partager une part de leurs passions.
      Ces colonnes sont ouvertes à tous.

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