Il nous raconte son « TRO BRO LEON » !
Il a fait le dernier « Tro Bro Léon, sous les couleurs des Cyclos de Saint Avé. Il l’a fait sans aucune casse. Il l’a fait avec beaucoup de sensations et il a accepté de partager avec nous cette belle séquence sportive.
Il le fait de fort belle façon, dans un style imagé et précis. Il nous emmène dans sa roue, ça frotte dans certains passages, on sent presque la poussière et les tressautements…
Merci Gérard d’avoir partagé ce moment.
Accrochez-vous à sa roue, c’est une bonne roue !
« Après une bonne nuit, passé à l’hôtel « Au bout du Monde » au CONQUET, j’ouvre les rideaux, le temps est brumeux. Je vais prendre mon p’tit déj. Je croise les doigts : « Pourvu qu’il ne pleuve pas! ».
Aller, c’est parti, direction LANNILIS par la côte de Portsall pour un départ prévu à 13h30.
Midi, prise de dossard, il fait un soleil radieux.
Nous serons plus de 500 cyclos au départ avec quelques représentants du Royaume Uni, d’Espagne, de Hollande, de Belgique, du Luxembourg…
Ca y est, c’est lancé pour 110 bornes, l’allure est rapide, heureusement j’ai déjà effectué une bonne dizaine de kilomètres pour me mettre en jambe.
BOURG-BLANC approche, je suis bien calé dans les dix, vingt premiers avant le 1er ribin. Il y en aura 12.
Nous prenons les deux voies de la chaussée bien que la circulation ne soit pas fermée aux automobilistes !….
On tourne brusquement à gauche, nous entrons dans le secteur 12. On roule à bloc et dans un virage une voiture à l’arrêt. J’ai juste le temps de passer à droite et de voir deux jeunes filles en effroi à l’intérieur. J’entends du bruit derrière moi, il y aura de la casse.
Maintenant, nous prenons la direction de PLOUVIEN, le peloton s’est reformé. Tout va bien.
Plus difficile pour moi sera le secteur 10 avant LESNEVEN, car plus technique. Je sens que je n’ai pas d’adhérence et que je négocie mal les virages. Effectivement, on me met à la faute et je pars sur le bas côté boueux.
Je perds beaucoup de vitesse et j’ai du mal à relancer. Je suis trop gonflé 7,5 bars pour 73 kg. De plus, j’ai dû remettre mes anciens pneus de 23 car les 25 passent trop prés du cadre. Enfin sorti du ribin, je dois faire l’effort pour revenir sur l’avant.
Ca s’est brusquement calmé avant de reprendre de plus belle car un petit groupe est sorti à l’avant. Pas pour longtemps, car le vent des abers est de face.
On longe la côte de MENEHAM et ces superbes plages de sable blanc entre des blocs de rochers polis par le vent et la pluie.
Après GUISSENY, nous abordons le secteur 8 au kilomètre 70.
J’aperçois devant moi une colline. Je ne me méfie pas assez car ça va vraiment grimper, un raidar à plus de 10%. Je coince, je passe tardivement le petit plateau et déjà nous abordons coup sur coup les secteurs 7 et 6.
Ce dernier est long et semé d’embûches avec des trous et du sable. Je ne sais pas de quel côté aller, un coup à gauche, un coup au centre, puis à droite. Ca casse de partout, il y aura des crevaisons.
Je me retrouve dans un 2éme groupe. J’ai déjà laissé beaucoup de forces, je mange, je m’accroche et j’essaie de récupérer à l’abri du vent.
Secteur du château, le n°3, terrible, que des trous, ça secoue de tous les côtés. Je n’arrive pas à suivre alors que tout laissait penser le contraire sur la route. Merde, j’ai pris 5 mètres qui se transforment en 10, voire 20 mètres à la sortie de ce secteur.
Je ne pourrai pas rentrer, j’attends du renfort de l’arrière, ça revient.
Nous abordons l’avant dernier, celui de la ferme où je suis passé en reconnaissance.
Nous passons d’abord dans un tunnel à troupeaux en pleine descente, il fait noir, sensations assurées…. Puis après un virage à gauche, ça grimpe. J’ai bien anticipé en mettant le petit plateau. Beaucoup de coureurs « Pros » passeront ce secteur aussi sur le petit plateau. Ouf, pas décroché, je vais pouvoir terminer avec ce petit groupe.
Le secteur 12 ne présente pas de difficulté majeure si ce n’est qu’il y a plusieurs virages à négocier.
Je suis ravi d’avoir réussi à finir sans dommage.
Il est 16h 56 sous la banderole et prêt à recommencer l’année prochaine si la forme me le permet.
Je suis cramé, je me suis mis minable et raide comme un bout de bois. Le dos et les cervicales ont morflé.
Après une bonne nuit chez PAUL l’aubergiste de LANHOUARNEAU et un bon massage, je suis prêt à reprendre le vélo pour aller voir les coursiers passer les ribinou.
Vainqueur, Christophe LAPORTE de Cofidis, devant l’inépuisable Damien GAUDIN de Direct Energie.
Dommage, il ne fera pas le doublé ».
Gérard LE CARS