« J’ai consacré tellement de temps à mon vélo cette semaine, que je n’ai pu penser à ce que je pourrai bien écrire dans la prochaine chronique de «La Gazette».
Peut-être qu’Emile ZOLA avait raison… ?
Émile Zola (1840-1902) était un passionné de bicyclette. Dans le manuscrit ci-dessous, il fait part de ses impressions de «bicycliste»
JY.LP
LE BICYCLISTE
Mes impressions de bicycliste ?
« Elles sont fort modestes, car je ne suis qu’un très humble amateur et mes prouesses se bornent à faire mes quinze à vingt petits kilomètres l’après-midi, pour la joie de l’exercice et du plein air. Mais je regrette vraiment la jeunesse et le temps à perdre, que je n’ai pas. Avec du loisirs et vingt ans de moins, je crois que j’aurais été un fervent, un passionné. Aller à l’aventure, voler avec le vent, voir les horizons fuir comme en un rêve, c’est là une griserie délicieuse.
Et puis, pour nous autres, noircisseurs de papier, cerveaux encombrés de phrases, rien n’est plus sain que d’oublier le métier; et la bicyclette, c’est l’oubli total, c’est la fuite dans la continuelle préoccupation de l’équilibre, même devenue inconsciente. Je reviens de mes quinze à vingt kilomètres totalement rafraîchi, le cerveau comme nettoyé, remis à neuf pour le lendemain.
De la joie, de l’hygiène physique et morale, que demander de plus ? »
Emile Zola